Strasbourg : Nouveau campement au cœur de la ville, des enfants livrés à eux-mêmes

Strasbourg : Nouveau campement au cœur de la ville, des enfants livrés à eux-mêmes

Après quatre évacuations de la place de l’Étoile en seulement un an, des tentes réapparaissent à Strasbourg. Une trentaine d’entre elles sont maintenant installées dans le parc du glacis, le long de l’autoroute A35. De plus, une autre trentaine est installée sur le quai du maire Dietrich, en face de la place de l’Université, dans le quartier de la Neustadt.

Ce jeudi, Médecins du Monde doit procéder à un recensement des personnes vivant sous ces tentes. Quant à ce vendredi, le collectif Agissons 67 doit se rendre sur place avec une cardiologue, car au moins quatre personnes souffrent de graves problèmes de santé.

La plupart des habitants de ce camp de fortune sont des étrangers en situation régulière. Ils possèdent des cartes de séjour ou des titres de réfugiés, mais ils ne trouvent aucun hébergement, même en cas d’urgence. Alors qu’il y a seulement deux semaines, il n’y avait que deux ou trois tentes, désormais 80 personnes vivent dans cette étroite bande de pelouse, entre la route et la rivière. Ce terrain en pente est très dangereux, surtout pour les enfants en bas âge, car il n’offre aucune protection pour accéder au cours d’eau.

“Je viens d’Arménie. J’habitais en Géorgie. Je suis venue en France car mon mari est atteint de sclérose en plaques. Nous avons un problème de logement. Depuis 34 jours, j’habite sous une tente avec mes deux enfants”, explique Angela, une jeune femme arménienne en situation régulière. Elle avait un appartement jusqu’au 31 août, avant de se retrouver à la rue. “C’est dur, plus d’un mois sous une tente. Il commence à faire froid. Avant, je devais aller jusqu’à la place de la République pour prendre de l’eau”, raconte Sergeï, le fils d’Angela âgé de 11 ans.

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Ce campement compte de nombreux enfants et adolescents qui jouent, dessinent et mangent par terre, dans des conditions extrêmement précaires. Parmi eux se trouve Zeïna, une jeune syrienne de 13 ans, élève de 3e, arrivée à Strasbourg fin août avec sa famille après plusieurs années passées en Guyane. Ni elle ni ses proches ne trouvent d’hébergement. “Nous sommes dans une situation régulière et pourtant nous n’y arrivons pas. Nous sommes allés voir plusieurs associations, mais toutes nous disent qu’il faut appeler le 115. C’est assez compliqué pour des personnes scolarisées comme nous. Mon petit frère de 7 ans et moi, nous affrontons des difficultés chaque jour”, raconte la jeune fille.

Aucune perspective de logement

Cette situation est également celle de Flores, la voisine de Zeïna, une réfugiée cubaine. “Oui, j’ai appelé le 115 plusieurs fois”, indique la jeune femme qui partage une tente avec sa compagne au bord de la rivière. “L’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté Cuba est que dans mon pays, les homosexuels ne sont pas acceptés. C’est pourquoi ma femme et moi sommes parties”, explique-t-elle. Elle ajoute qu’elle ne s’attendait pas, malgré son titre de réfugiée, à rencontrer autant de difficultés pour obtenir de l’aide.

Pour tous ceux qui vivent ici, le problème est le même : obtenir enfin un logement. “Il y a des Géorgiens, des Arméniens, des Syriens, un couple LGBT persécuté à Cuba qui est venu chercher refuge en France, de nombreuses personnes malades. Elles ont toutes en commun le fait de ne pas trouver d’hébergement malgré le fait qu’elles soient identifiées par les autorités. Même celles qui peuvent travailler n’ont aucune solution”, déplore Noureddine Alouane du collectif Agissons 67.

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La mairie de Strasbourg a signalé qu’une demande avait été déposée auprès de la préfecture pour prendre en charge les personnes vivant sous les tentes du parc du glacis et du quai Dietrich. L’audience pour ce dernier campement est prévue le 20 octobre. En attendant, elle a installé un point d’eau et des toilettes.

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